Nous sommes à une semaine du 24 avril. Et de la célébration du 24 avril 1915, qui tombe cette année, le jour de Pâques. C'est celle du génocide arménien (1.500.000 de morts) dont personne dans le monde n'a pratiquement jamais parlé jusqu'en 1975 (1) Et qui a été oublié, après le traité de VERSAILLES, par le traité scélérat de LAUSANNE, qui abrogeait celui de SEVRES.
Sauf HITLER, pour rappeler justement à sa bande de bandits qu'on l'avait totalement oublié. Ce dont il tirait comme conséquence qu'on pourrait faire pire aux Juifs. On a vu la suite.
Trente-six ans de plus qu'en 1975. 2011. Je puis en parler encore. Je fais partie de ceux qui se sont agrégés à l'époque en 1975 à cette affaire. Franchement, je ne me sentais pas vraiment Arménien. Je suis catholique romain, comme une minorité (10 %) des Arméniens, et mon père seulement l'était et encore pour moitié (mais il était Assyro-Chaldéen par sa mère, il aurait dû : 800.000 morts chrétiens de plus, dont personne ne parle absolument jamais).
Mon père était de cette première génération, de ceux qui avaient dû fuir la Turquie, et qui voulaient oublier. Mais ce sont les autres, les suivants qui ont ravivé la mémoire. Et pas nécessairement les Arméniens.
Ma mère était tout ce qu'il y a de plus Français, et c'est elle qui a insisté pour cet engagement. Au nom de la justice, de la défense de la chrétienté, de l'histoire.
Je me souviens qu'en 1975, le préfet des Bouches-du-Rhône avait interdit la construction d'une grande katchkar commémorative, que nous avions financée par souscription, sous la direction du regretté VARJAN, qui présidait l'association cultuelle, dont je suis fier d'avoir été l'ami, dont je salue affectueusement la mémoire. Cette croix géante, historiquement symbole de la foi arménienne, il a donc fallu la construire seulement en privé, à l'intérieur de l'enceinte de la cathédrale apostolique de l'avenue du Prado, de MARSEILLE, ironie du monde, à 100 m du consulat de Turquie.
Je me souviens et salue aujourd'hui la mémoire de Monsieur Joseph COMITI, un Corse pur jus, éminent professeur de cardiologie à la Faculté de médecine, à l'époque également secrétaire d'Etat, qui avait été officiellement critiqué en haut lieu et à son gouvernement parce qu'il était venu présider l'inauguration, malgré l'interdiction qu'on lui avait notifiée. Il avait répondu qu'il se foutait complétement des exigences de son gouvernement faisant suite à celles du gouvernement turc.
Les gouvernants d'aujourd'hui, qui sont du même camp que ceux de l'époque, ont vaguement évolué. Mais à peine. Sitôt passé le 24 avril, on oubliera tout et on vous expliquera que les Turcs, ceci ou cela.
Je ne suis donc pas sûr d'aller à ces célébrations, bien que la principale soit tout à côté de chez moi. Le monument aux morts arméniens de MARSEILLE, copie de celui d'EREVAN, il est à 500 m et je passe tous les jours devant, matin et soir, sur la place de l'inoubliable Henri VERNEUIL (Achod MALAKIAN).
Quête des électeurs, que ne ferait-on pas pour toi ?
Alors voilà, parce que personne n'en parlera.
Modestement, sur mon blog, et ce coup- là, je ne vois pas qui va me censurer, je veux une nouvelle fois évoquer ici la mémoire de Soghomon TEHLIRIAN.
Illustre inconnu, pourtant courageux vengeur, qui chercha et retrouva TALATH Pacha à BERLIN, le suivit tous les jours et le tua dans une rue en 1921. Il fut arrêté, poursuivi devant la Cour d'assises de BERLIN, et défendu par trois avocats commis, d'office dont il ne parlait pas la langue. Il y avait un traducteur. Il sut expliquer. Ces confrères surent défendre, et dire pourquoi ce règlement de comptes historique (les parents de TEHLIRIAN étaient morts en déportation). TEHLIRIAN fut acquitté. Quelle belle histoire. Vraie.
Bien que : Victrix causa diis placuit, sed victa Catoni.(2)
_________________________________________________
(1) Même pas une importante exposition itinérante sur la Shoah et les génocides du XXème siècle passée un temps au Tribunal de commerce de MARSEILLE on ne sait pas bien pourquoi, voici quelques années.
(2) « Les dieux furent pour le vainqueur ». Caton fut pour le vaincu. LUCAIN, Pharsale, I, 128.