Il va bien falloir trouver une solution juridique à cette affaire de l'exigence préalable de la « bonne moralité » des juges professionnels.
Au passage, il faudrait voir aussi, autre sujet de Q.P.C., si cette exigence de « bonne moralité » existe aussi au-delà de ce qui est appelé l'auditorat.
Voyons ailleurs.
On se souvient de cette extravagante histoire de suspension de six mois infligée à cette consoeur de BERGERAC parce qu'elle jouait avec son copain de l'accordéon sur les marchés.
Gilbert COLLARD d'un coté, la Cour d'appel de BORDEAUX, de l'autre, le bon sens et la raison sur le tout, l'affaire a été réglée et notre consoeur a été totalement blanchie. Pied de nez aux censeurs.
Elle continue sans doute son accordéon.
J'espère que « la bonne moralité » dont nous parlons à l'occasion de la Q.P.C. du 17 juillet en attendant la décision du Conseil constitutionnel n'a rien à voir avec le fait que peut être la future auditrice de justice (1) évincée du concours d'entrée à l'Ecole nationale de la magistrature jouerait publiquement d'un instrument considéré comme pas bien noble.
Oui, parce que si elle avait joué du violon ou du piano en concert, de l'orgue (mieux), ça aurait été différent.
Tiens, ces commentaires me rappellent deux histoires.
La première histoire concerne celui que je considère - c'est moi qui parle- comme le deuxième plus grand compositeur français de tous les temps, juste après Hector BERLIOZ, son fils spirituel, je veux parler de Camille SAINT SAENS (2). Ce compositeur extraordinaire était aussi un organisme hors pair, mais il avait besoin d'argent.
Lorsqu'il était à PARIS, il tenait les grandes orgues de Saint-Eustache. Le dimanche. Mais le vendredi et le samedi soirs, il jouait du piano au Moulin rouge, où c'était très bien payé.
Les pieuses âmes de Saint-Eustache s'étaient plaintes de cette situation contraire à la « bonne moralité » auprès du cardinal archevêque de PARIS de l'époque. Lequel était aussi courageux que possible. Il leur avait en effet répondu par une lettre paroissiale lue à l'église que les fréquentions de Monsieur SAINT SAENS par ailleurs immense organiste ne le regardaient pas, et que si le denier du culte avait été plus généreux, il aurait pu mieux rémunérer l'artiste, ce qui lui aurait évité d'aller travailler dans un tel lieu. Il avait peut être ajouté malicieux « de perdition »
La seconde histoire concerne le professeur constitutionnaliste Charles DEBBASCH. Certes, il n'est pas aussi comparable à Camille SAINT SAENS. Mais, lui, je l'ai bien connu.
Il possède à la fois un passeport diplomatique d'ambassadeur itinérant, et parait-il un casier judiciaire suffisamment lourd pour envisager un séjour sous les barreaux (de prison, rien à voir avec ceux des avocats)
Mais finalement je l'aime bien. Certes, il avait été odieux avec moi lorsque j'étais étudiant en doctorat, mais le temps a passé.
On dit qu'il joue désormais du jazz et bien même dans une boite de nuit à LOMé (Togo).
DEBBASCH, bien que condamné pour une grave affaire de détournement, est surement de « bonne moralité ». Un de ses fils est d'ailleurs dans les ordres (religieux). Un autre est recteur d'académie. Alors...
Bon, cette affaire n'avance toujours pas.
(1) Apparemment, sauf montage du Conseil d'Etat, prénoms différents et première lettre du nom également.
(2) J'ai une affection particulière pour SAINT SAENS, qui a vécu toute la fin de sa vie à ALGER, chez moi, où il est décédé dans les années 20 à l'hôtel de l'Oasis. Devenu pied noir de coeur. Ses obsèques avaient été célébrées d'ailleurs en la cathédrale Saint-Philippe, sous la Casbah, en présence du marquis de GALLAND, maire d'ALGER.