Samedi 25 juillet, me voici à nouveau devant le Conseil régional de discipline des avocats, le C .R.D. du ressort de la Cour d’appel d’AIX EN PROVENCE.
Cette fois ci, pour défendre un confrère initialement poursuivi pour avoir perçu trop d’honoraires en huit années (alors qu’il dispose de conventions signées et payées APRES services faits), et aussi pour avoir, écrit au bâtonnier que le président de la Cour européenne de justice, celle de LUXEMBOURG, a outrepassé ses prérogatives en se plaignant de lui à l’occasion d’un recours contentieux pour la défense de la cause arménienne.
Bizarrement d’ailleurs, la deuxième poursuite a été abandonnée : c’est vrai que c’est désordre de poursuivre au disciplinaire un défenseur de la cause arménienne, surtout contre un juge européen qui est placé désormais sur siège éjectable, en raison d’accusations graves de prévarications et de favoritisme par les autres juges européens (merci de lire Libération). Et qui pourtant s’était plaint de ce qu’un avocat français défendit directement la cause arménienne devant la Cour.
Bref, nous venions uniquement pour les honoraires. L’accusation arménienne paraissant avoir disparu (pour moi, j’écrirai plus tard, attendez un peu).
Le C.R.D. précité siège le samedi matin, tant pis que pour le Shabbat des juifs pratiquants, dans les locaux de la Maison de l’avocat à AIX EN PROVENCE.
C’est rue Rifle-Rafle.
Une telle adresse ne s’invente pas.
C’est tout un programme, du temps où la prison centrale de la ville était… de l’autre côté de la rue (j’ai connu).
Pour arriver là, il faut traverser le grand marché du samedi matin, d’abord les fruits et légumes, ensuite dans la rue Rifle-Rafle, les marchands de caleçons, de culottes et de chemises à fleurs et à raies.
Tu parles d’une solennité.
Sur l’audience elle-même, j’aurai l’occasion de m’exprimer plus tard.
Là, on fera de la procédure civile, dont un membre dudit C.R.D., un confrère de TOULON, arrivé en retard, m’a dit alors qu’on attendait le délibéré, qui allait simplement décider du renvoi, que j’y ai la réputation d’y être une terreur.
Merci du compliment. Il a même ajouté. « Ouf, je suis en retard, et content, vous ne me récuserez donc pas ».
Le bâtonnier m’avait avoué auparavant qu’il venait pour la première fois devant le C.R.D., ce à quoi je lui ai répondu que, moi c’était ma 3ème avec trois bâtonniers différents (et je ne compte pas par dizaines les incidents à la Cour d’appel à quelques dizaines de mètres de là). C’est bien cela, je cultive la différence.
S’étant cependant aperçu qu’il y avait deux ou trois gros problèmes préalables de procédure, vus dans une ordonnance de référé de la première présidente de la Cour d’appel, rendue à la demande de mon client (et avec mon aide seulement de principe, car le client est aussi bon, sinon meilleur que moi), le (3ème) bâtonnier a battu en retraite et a sagement demandé le renvoi.
C’est bizarre cependant, un bâtonnier qui vous fait assigner devant le C.R.D. voici une douzaine de jours, et qui s’aperçoit ensuite de problèmes procéduraux antérieurs, au point de demander le renvoi. Il me semble que lorsqu’il engage une procédure, le demandeur doit être prêt, non ?
Quoi qu’il en soit, en l’absence de greffier, car les C.R.D. sont des juridictions sans greffe, mon client avait fait commettre le président de la chambre départementale des huissiers de justice qui est venu dresser son constat. C’est désormais un habitué des lieux, au point d’avoir dans la salle d’audience son fauteuil préféré, au fond, à gauche.
Bon, on verra plus tard.
Sortis de cette audience plus tôt que prévu, j’ai constaté qu’au moins un des juges avocats en avait profité pour faire son marché alimentaire car il avait ses paquets dans les mains. Je suppose que les sept ou huit autres qu’on avait déplacés quelquefois de loin auraient préféré rester au bord de leurs piscines, et certains sur leurs bateaux.
Je souhaite qu’ils aient pu se consoler autrement.
Par exemple, comme moi. Il y avait du soleil, et du coup, ayant oublié mon panama à la maison, j’en ai profité pour m’acheter chez un forain un chapeau de paille en solde.
Je n’ai pas pu m’empêcher de penser alors à Eugène LABICHE et à son théâtre de l’idiot, avec » Le chapeau de paille d’Italie ». Et de considérer l’ensemble absurde de cette matinée perdue.
A bientôt.