IDENTITE NATIONALE : LA POLICE DES ORDURES
...MENAGERES.
Sous titre, le bal des cartons.
Dans un pays où on vous dit que l’ordre républicain doit régner en maitre, comme la sécurité aussi, il faut bien entendu être propre, enfin, je veux dire pas sale.
Or, ici, MARSEILLE est également célèbre par sa saleté.
Et on fait comme on peut. Encore qu’un ami lyonnais (c’est dire…) avec qui je voyageais il y a quelques années au RADJASTHAN, horrifié qu’il était par la saleté locale, disait qu’à coté du pays en cause, le 15ème arrondissement de MARSEILLE, c’était LAUSANNE.
Comme il est trop dangereux de bien assurer la sécurité de la ville, il y a toujours une balle de perdue, comme aller dans certaines cités pourrait en plus être vu comme un acte de racisme, hou la la, donc bonjour les trafics, et le blanchiment d’argent au supermarché, les politiques en place ont laissé à la police municipale de la ville de quoi agir.
La circulation étant ce qu’elle peut, le stationnement étant anarchique et les parkings hors de prix, la police municipale est donc devenue ici celle des poubelles.
J’écris qu’elle méritait nettement mieux.
Alors on a commencé d’installer dans le centre de la ville de jolies poubelles automatiques, sauf qu’elles sont insuffisantes pour recevoir la masse des ordures ménagères. Et aussi même des emplacements à cartons. Evidemment, en nombre insuffisants eux aussi. Alors voilà :
Il y a trop de cartons,
Il y a du vent (oui, à MARSEILLE, il y a du vent, vous le saviez ?)
Et des clochards (quoi, vous ne le saviez pas ?)
La police des poubelles traque donc maintenant le carton qui ne serait pas bien à son emplacement.
A plusieurs agents dont m’assure qu’ils sont assermentés, ils viennent lire les étiquettes sur les susdits cartons et dresser des P.V. aux noms trouvés dessus, lorsqu’on dit ne les avoir pas trouvés aux emplacements idoines.
Désolé Messieurs, si je n’ai pas les enveloppes, mais mon cabinet reçoit souvent des cartons.
On les vide de leurs livres ou documents, et on les place, vides, aux emplacements idoines.
Sauf que je ne sais pas si c’est qu’on surveille spécialement mes cartons pour y trouver quelque document séditieux, raciste par exemple, ou si c’est la faute au vent ou au clochard du coin qui fouille la poubelle, lui, avant l’agent public assermenté qui suivra, bref, il parait que certains de mes cartons sont retrouvés ailleurs qu’à l’endroit administratif prévu pour leur fin de vie. Avant recyclage.
Alors, je suis verbalisé par « l’agent assermenté du service de prévention et répression aux infractions de la métropole Aix-Marseille », lequel dit qu’il a constaté et relevé par timbre amende n° … à telle date à telle heure un carton sur la voie publique portant mon nom. Et j’écope d’un timbre amende de 68 €. Une paille.
Je refuse de payer, je proteste, et je fais remarquer à l’ officier du ministère public du Tribunal de police de MARSEILLE qui m’écrit que la contravention est fantaisiste, qui considère que mes cartons seraient immatriculés comme des véhicules automobiles, équivalents d’objets gardés comme on dit dans le Code civil, et à place fixe (sans tenir compte du mistral), pour autant que le carton en cause et qu’on m’attribue serait bien de moi.
Il me faut insister quand on répond (oui, on a répondu à ma protestation) en me disant que les agents verbalisateurs sont assermentés.
Mais moi, je maintiens que je demande à comparaitre à l’audience du juge de proximité.
Je signale au passage qu’on aurait pu trouver une autre adresse pour l’officier du ministère public : boulevard Alphonse Allais. C’est pas bien sérieux.
Finalement, je reçois ce matin un courrier de son secrétariat qui m’informe, avec honneur comme il se doit, qu’après examen attentif des éléments versés au dossier, il procède au classement sans suite de cette affaire.
Une chose encore. On me sait inconditionnel du grand Marcel PAGNOL. Je l’ai souvent écrit ici.
Alors, je conseille aux fonctionnaires et agents intéressés la sage lecture de la 2ème pièce de théâtre du célèbre académicien, celle qui l’a lancé.
TOPAZE.
Et la scène où TOPAZE vend des balayeuses à roulettes, mais comme le maire, par ailleurs propriétaire d’un débit de boissons, ensuite fustigé par un célèbre arrêt du Conseil d’Etat sur le détournement de pouvoirs, qui jadis avait installé dans sa commune des pissotières à roulettes en façade des commerces hostiles et/ou concurrents qu’il voulait taxer…