Au recteur Michel Henry FABRE qui m’a appris le droit constitutionnel, spécialement celui de la Vème République, qu’il avait contribué de créer et développer. Et connaissait si bien.
N’y allez pas, vous allez vous déconsidérer. Non, n’allez pas voir le premier ministre.
Résumé des positions. Il existe d’un coté un pouvoir unanime, unicolore, le président, son premier ministre, qui n’est que son organe d’exécution et un parlement, qui est son organe législatif, puisqu’issu de la seule volonté du président.
De l’autre, des partis d’opposition totale. C’est l’expression du pays légal. En voix exprimées il y a 18 mois 2/3 – 1/3.
Il n’est pas interdit bien au contraire d’employer maintenant la terminologie maurassienne sur le pays légal et le pays réel. C’est bien Charles MAURRAS qui écrivait jadis qu’en politique, le désespoir est un non sens.
Quelle est la situation actuelle. Par les sondages unanimes, confortés par les manifestations spontanées, indépendantes de la volonté des partis et de tous organes intermédiaires, dans tout le pays, une violence insurrectionnelle s’exprime sans aucun doute, avec un mot d’ordre, celui du refus grave du niveau de l’impôt.
Quelle doit etre la réaction. Marine LE PEN puis Jean-Luc MELENCHON l’ont parfaitement vu. C’est la dissolution de l’Assemblée et le retour à l’élection, parce que le pays réel n’est plus du tout en phase avec le pays légal.
A l’élection du président de la République l’an dernier, le pays réel refusait avait tout la personne de Marine LE PEN. C’est uniquement sur ce thème uniquement que Monsieur MACRON a gagné.
En 18 mois, la situation est totalement renversée, et le terme est faible pour qualifier ce qui se passe à Paris et en province actuellement.
Pourquoi ne pas rencontrer le premier ministre.
Parce qu’on ne peut que lui rappeler la situation de fait actuelle, dont, sur ordre du président de la République, il dit qu’on ne la changera pas fondamentalement.
Alors, il faut dissoudre.
Sauf que le premier ministre n’ a pas qualité pour dissoudre la chambre.
Cette faculté n’est qu’au président.
Certes, le premier ministre peut démissionner, mais cette démission n’entraine pas de nouvelles élections.
Le gouvernement peut aussi etre renversé par motion de censure, ici totalement vouée à l’échec et à l’avance compte tenu de la nature particulière de l’élection des députés en même temps que le président dont la politique fondamentale est désormais en cause.
Ainsi donc, la rencontre des chefs de partis ne peut avoir lieu et n’a de sens qu’avec le président.
Les exemples passés, illustration du droit constitutionnel, sont conformes à l’analyse ci-dessus.
Déjà, à la fin de la IVème République, le soulèvement populaire d’Alger, le 13 mai 1958, auquel j’ai participé à 11 ans, certes sans la violence actuelle, mais avec la remise en cause totale et insurrectionnelle du pouvoir en place, a conduit le président de la République qu’était René COTY, non seulement à la dissolution, mais aussi à la démission. Ainsi, par la force de la rue d’Alger, a été créée la Vème République.
Dans un contexte un peu différent, et sans qu’il ait été besoin de rencontres, Charles de GAULLE a tiré les conséquences en 1969 –Dieu que je m’en souviens, je votais non et pour la première fois de ma vie- à quitter le pouvoir voyant bien qu’il n’avait plus le contact avec le pays réel.
Il en a été de même plus tard avec Jacques CHIRAC, qui a dissout la chambre, qui lui était pourtant favorable et a du traiter avec une autre chambre de cohabitation.
Revenons aux rencontres avec le premier ministre. La seule qui compte historiquement a été celle organisée par Edouard BALLADUR(IAN) lorsqu’il a fait appel aux chefs des partis, dont Jean-Marie LE PEN. Les intéressés ne pouvaient surement pas lui demander la dissolution de la chambre, puisqu’elle avait été élue pour cohabitation avec le chef de l’Etat quelques jours ou semaines plus tôt. Et surtout qu’il n’était pas le chef de l’Etat.
Les lois étant votées par le Parlement et non l’émanation du président, le raisonnement était impeccable.
Car, suivant la formule de GAMBETTA. qui n’a pas pris une ride, le président doit se soumettre ou se démettre.
Se soumettre ici au vote nouveau des électeurs qui sont en droit de revoir leur vote d’il y a 18 mois, notamment parce qu’ils expriment par la force et la violence qu’ils se sont alors trompés.
S’il vous plait, ne vous déconsidérez pas, n’y allez pas.