Bien qu'ayant quelques gouttes très éloignées de sang juif, ne suis pas juif.
Je suis plutôt philosémite, ce qui est normal puisque je suis pied noir, né à Bab el Oued, entouré partout de juifs.
Je me souviens du temps où, en sortant de l'école communale là bas, avec les copains juifs de ma classe (1), nous avions passé une convention avec le chechma (2) de la grande synagogue de la rue de Dijon, pour jeter chaque semaine du riz sur les mariages, en échanges des bonbons et sucreries qu'il nous distribuait. Ainsi se passaient les choses avec les sépharades.*
Je sais la shoah. J'y suis d'autant plus sensible que je sais aussi le génocide arménien, qui l'a précédé et dont l'ignorance universelle a pu y conduire.
J'ai visité certains des camps de concentration d'Allemagne, et aussi de Pologne, Auschwitz et Birkenau, sans compter ceux qu'on ne peut pas voir, puisqu'ils ont été rasés lorsque les choses tournaient très mal pour les nazis.
Israël est un pays inouï de courage et de liberté. Même avec ses excès du coté des Palestiniens.
Je vois qu'on y a organisé au début juillet 2012 un concours de beauté parmi les survivantes de l'holocauste, dont la lauréate a 79 ans. Cette affaire a fait grand bruit localement, mais si peu dans la communauté juive de France. Je ne devrais pas prendre parti.
Je le fais cependant.
Je trouve cette initiative courageuse, remarquable, digne même. Oui, digne parce que derrière elle, il y a le message d'espoir du judaïsme.
» L'an prochain, Jérusalem » ai-je entendu toute ma jeunesse et mon adolescence là bas. Jusqu'à ce que ce soit vrai.
C'était la traduction du « lehaim », hébreu, « à la vie ». Ces vieilles dames pomponnées, apprêtées, c'était en effet le plus fantastique bras d'honneur de l'image de la vie contre celle de mort du nazisme.
Pourquoi ce billet ?
Parce que ces Israéliennes ont ainsi donné à toutes les victimes et désormais à leurs descendants le message suivant : on n'a rien oublié, on est toujours là, et vous devez faire avec nous qui sommes là et vous avons survécu.
A mes frères et amis Arméniens, qui se battent pour la reconnaissance du génocide, et refusent même de mettre les pieds en Turquie, chez les descendants des assassins, je dis, voyez, témoignez, affrontez de face.
Nous aussi, sommes toujours là.
__________________________________
(1) La place des juifs dans l'enseignement public de l'Algérie française était fondamentale. Exemple. Entre la maternelle et le primaire, ainsi j'ai eu sept institutrices et instituteurs. Presque tous étaient des pieds-noirs, sauf un seul, venu de métropole, le seul qui ne fut pas juif. A mon âge, je me souviens encore des noms des six premiers (MSELATI, CHICHEPORTICHE, AKNIN, TOUBIANA, SEROR, etc.) J'ai oublié celui du septième.
(2) C'est l'équivalent du bedeau dans la synagogue. Un peu plus peut être, car je crois qu'il prépare les prières. Il porte un grand chapeau à bouts recourbés. Je ne suis jamais sur de l'orthographe de son nom.