Tout le monde s'affaire entre les palettes, à pieds, en camion, ou sur des chariots élévateurs.
Emboîtées les palettes sont repeintes en rouge vif, au pistolet, par l'iman, un magrehbin protégé par un masque illusoire, porté et retiré négligemment.
Il y a le muezzin, un africain, qui, du haut des palettes, appelle à la prière.
Il y a le chef du village des africains qui, timidement, demande le paiement des heures travaillées.
Il y a Titi, un jeune magrehbin, qui se mutile pour être un bon musulman " un accident du travail" dit - il.
Il y a les mécaniciens magrehbins qui contestent la nomination de l'iman par le patron, et découvrent, dans la violence, l'esprit syndical.
C'est ma petite entreprise, ma petite mosquée.
Les palettes se dressent, murailles rouge vif laissant passer la lumière.
Mao,le patron, qui est,en même temps, le contremaître, est un musulman prosélyte.
Il a ouvert une mosquée dans son entreprise de garage poids lourds et réparation de palettes, dans une zone bordée d'un canal, prés de PARIS.
Dans la mosquée, patron et ouvriers sont frères.
La religion est l'opium du peuple.Mais le peuple, parfois, se réveille.
Rabah AMEUR-ZAIMEUCHE, le réalisateur, incarne Mao.
" LE DERNIER MAQUIS" est un beau film, fort et nuancé.
Commentaires
Vous êtes formidable !!!
Tous vos billets nous donnent vraiment envie d'aller au cinéma
ca fait penser à kipling
LA LOGE MERE
de Rudyard KIPLING
Il y avait Rundle, le chef de station,
Beazeley, des voies et travaux,
Ackman, de l'intendance,
Dankin, de la prison,
Et Blake, le sergent instructeur,
Qui fut deux fois notre Vénérable,
Et aussi le vieux Franjee Eduljee
Qui tenait le magasin "Aux denrées Européennes".
Dehors, on se disait : "Sergent, Monsieur, Salut, Salam".
Dedans c'était : "Mon frère", et c'était très bien ainsi.
Nous nous réunissions sur le niveau et nous nous quittions sur l'équerre.
Moi, j'étais second diacre dans ma Loge-mère, là-bas !
Il y avait encore Bola Nath, le comptable,
Saül, le juif d'Aden,
Din Mohamed, du bureau du cadastre,
Le sieur Chucherbutty,
Amir Singh le Sikh,
Et Castro, des ateliers de réparation,
Le Catholique romain.
Nos décors n'étaient pas riches,
Notre Temple était vieux et dénudé,
Mais nous connaissions les anciens Landmarks
Et les observions scrupuleusement.
Quand je jette un regard en arrière,
Cette pensée, souvent me vient à l'esprit :
"Au fond il n y a pas d'incrédules
Si ce n'est peut-être nous-mêmes ! "
Car, tous les mois, après la tenue,
Nous nous réunissions pour fumer.
Nous n'osions pas faire de banquets
De peur d'enfreindre la règle de caste de certains frères.
Et nous causions à cœur ouvert de religion et d'autres choses,
Chacun de nous se rapportant
Au Dieu qu'il connaissait le mieux.
L'un après l'autre, les frères prenaient la parole
Et aucun ne s'agitait.
L'on se séparait à l'aurore, quand s'éveillaient les perroquets
Et le maudit oiseau porte-fièvre ;
Comme après tant de paroles
Nous nous en revenions à cheval,
Mahomet, Dieu et Shiva
Jouaient étrangement à cache-cache dans nos têtes.
Bien souvent depuis lors,
Mes pas errant au service du Gouvernement,
Ont porté le salut fraternel
De l'orient à l'Occident,
Comme cela nous est recommandé,
De Kohel à Singapour
Mais combien je voudrais les revoir tous
Ceux de la Loge-Mère, là-bas !
Comme je voudrais les revoir,
Mes frères noirs et bruns,
Et sentir le parfum des cigares indigènes
Pendant que circule l'allumeur,
Et que le vieux limonadier
Ronfle sur le plancher de l'office.
Et me retrouver parfait Maçon
Une fois encore dans ma Loge d'autrefois.
Dehors, on se disait : »Sergent, Monsieur, Salut, Salam ».
Dedans c'était : Mon frère , et c'était très bien ainsi.
Nous nous réunissions sur le niveau et nous nous quittions sur l'équerre.
Moi, j'étais second diacre dans ma Loge-mère, là-bas !
Rudyard KIPLING
Je suis charmée d'avoir ce si beau poëme
de Rudyard KIPLING sur mon blog grâce à vous.
Il y évoque avec nostalgie la loge maçonnique.
Ce n'est pas aussi idyllique dans "le dernier maquis"
voila une pause hebdomadaire dans les billets !
a quand le prochain ?
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