Léon Blum, Président du Conseil et dirigeant du Front populaire sous la 3ème République, était décrit par Maurras comme « l'évadé de Palestine » ou encore, par Jouhandeau comme « Asiatique », « Palestinien », « Oriental », faisant partie des hordes barbares venues des steppes et des déserts et qui ont envahi l'Occident. Venu de Judée, Canaan, Palestine, Egypte, Orient, Bulgarie, il est levantin, oriental, asiate et il promène, selon Henri Béraud, son « doux regard d'enchanteur oriental ».
Quelques années plus tard, un journaliste israélien, Arieh GELBLUM, dans le très respectable journal Haaretz, écrivait :
« Une sérieuse et menaçante question est posée par l'immigration d'Afrique du Nord. C'est l'immigration d'une race que nous ne connaissons pas jusqu'à présent. Il s'agit là d'un peuple dont le primitivisme atteint les plus hauts sommets, dont l'intelligence est proche de zéro [...] Ces juifs n'ont même pas de racines juives. Ils sont, au contraire, le jouet de leurs instincts primitifs et sauvages. Ce sont des paresseux chroniques et ils détestent le travail [...] C'est un élément asocial. Le Bureau pour l'immigration de la jeunesse refuse de prendre en charge des enfants marocains et les kibboutzim ne veulent pas en faire entrer chez eux » (Haaretz 22 avril 1949).
Dans le même ordre d'idée, l'écrivain Chochana Boukhobza a évoqué cette déchéance, cette dignité perdue en Israël : « Et d'autres encore, renommés en Tunisie, mais séniles en Israël » (dans Un été à Jérusalem, Paris, Balland, 1986, p. 118).
Bien entendu, les juifs de France préfèrent oublier ces propos et ne pas trop entendre parler de cette réalité.
Pour eux, Israël constitue une « valeur refuge », un endroit touristique « agréable ».
Il est aujourd'hui à la mode de s'afficher sioniste, et peu importe, après tout, si la population juive d'origine séfarade est affublé du nom, peu flatteur, d'Israël Ha Chnia ou le second Israël.
Le refus récent des institutions juives ashkénazes de recevoir deux jeunes fillettes séfarades dans leur établissement scolaire, rappelle que la discrimination contre nos frères juifs séfarades en Israël existe toujours.
Le système judiciaire est totalement contrôlé et verrouillé par les élites ashkénazes.
Sur les 147 juges des Cour d'appel et Cour suprême d'Israël, 90% d'entre eux sont des ashkénazes, alors même que la population juive séfarade est majoritaire dans ce pays.
Tous les ans, 500 000 ordres d'interdiction de sortie du territoire ou d'emprisonnement pour dette sont issus par la justice israélienne contre les classes les plus faibles et les plus démunis, nos frères et nos soeurs d'origine séfarade en Israël.
Un système particulièrement pernicieux de course effréné vers la compétence du tribunal qui lui sera le plus favorable - tribunal rabbinique ou tribunal de famille - fait perdre tout repère à la famille juive d'origine séfarade autrefois si unie et si soudée.
Ici, c'est l'indifférence qui tue.
L'indifférence des Juifs de France envers leurs frères et leurs soeurs qui vivent en Israël.
Léon Blum lui-même s'étonnait de cette indifférence à l'égard du sort du plus démuni et du plus opprimé.
C'est ainsi, par exemple, qu'il écrivait « Tout compte fait, pour reprendre une vue exacte de l'état d'esprit que j'essaie d'écrire, il n'y a qu'à regarder autour de soi. Les Juifs riches, les Juifs de moyenne bourgeoisie, les Juifs fonctionnaires avaient peur de la lutte engagée pour Dreyfus exactement comme ils ont peur aujourd'hui de la lutte engagée contre le fascisme. Ils ne songeaient qu'à se terrer et à se cacher. Ils s'imaginaient que la passion antisémite serait détournée par leur neutralité pusillanime ». Et de conclure : « Je ne le comprenais pas alors, et je ne le comprends guère mieux aujourd'hui » (Ilan Greilsammer, Blum, éd. Flammarion, 1996, p. 333).
Quant à Bernard Lazare, il écrivait : « Prenons les juifs français, je les connais, ceux-là, et je sais ce dont ils sont capables, ils ne se sont pas bornés à repousser toute solidarité avec les Juifs étrangers, ils ont voulu encore les rendre responsables des maux que leur seule lâcheté engendrait. Ils ne se sont pas contentés de devenir plus chauvins que les Français de France, ils ont, comme dans tous les pays où les Juifs ont été émancipés, rompu volontairement la solidarité qui existait entre eux, à tel point que si on en a trouvé en France environ trois douzaines pour défendre un de leurs frères martyrs, on en eût trouvé des milliers pour monter la garde autour de l'Île du diable, avec les plus dévoués champions de la patrie » (L'Echo sioniste, 20 avril 1901).
Ces temps sont-ils révolus ? Sommes-nous véritablement devenus une nation qui prend enfin son destin en main et qui n'a pas peur d'affronter la réalité en face, comme toute autre nation ?
Rien n'est moins sûr !
Au nom de la sacro-sainte solidarité envers l'Etat d'Israël, les problèmes quotidiens de nos soeurs et nos frères d'origine séfarades sont complètement occultés, alors qu'ils vivent des vexations quotidiennes extrêmement graves.
Les dirigeants de la communauté juive française n'en parlent même pas, alors qu'ils savent pertinemment que des centaines de milliers de nos compatriotes ne peuvent quitter le territoire ou sont emprisonnés pour dettes.
L'Etat d'Israël quant à lui préfère signer des accords commerciaux avec l'Europe ou chanter à l'eurovision de la chanson ou alors envoyer ses joueurs jouer la coupe d'Europe de football ou de basket, mais en matière de libertés humaines, il refuse de signer la Convention Européenne des Droits de l'Homme qui interdit la prison pour dette et les interdictions de sortie du territoire.
Voilà pourquoi nous vous invitons à demander des comptes à nos dirigeants et aux représentants de l'Etat juif concernant la situation désespérée de nos frères et de nos soeurs.
Les Juifs séfarades doivent être représentés à tous les niveaux de l'administration israélienne, et spécialement dans le système judiciaire, qui est instrumentalisé pour brimer nos compatriotes.
Israël doit signer la Convention Européenne des Droits de l'Homme pour mettre son système judiciaire conforme avec les grands principes énumérés par cette Convention.
Vos témoignages et votre support nous sont indispensables.
Écrivez-nous pour manifester votre solidarité ou exprimer votre opinion.
Paix et Justice pour les Juifs Séfarades en Israël
Association loi 1901 - pjsi@hotmail.fr