L'État d'Israël est une démocratie, composée de citoyens juifs et non juifs ; enclave de liberté politique, imparfaite sûrement, entourée de pays qui ne sont guère des exemples à cet égard.
Il y a donc en Israël, des citoyens qui sont juifs, et d'autres qui ne sont pas.
Comme il y a en France un tel panel diversifié.
On peut donc dissocier la politique de l'État d'Israël et la judéité de ses citoyens.
Comme on peut critiquer la politique de la France en la distinguant de l'origine du citoyen français.
Il y a, de temps à autre des appels au boycott de produits venant d'un pays. Il y en a eu contre les produits sud-africains du temps de l'apartheid.
Stéphane Hessel voulait soutenir le boycott des produits en provenance d'Israël.
Il semble qu'un tel appel, à la suite d'une circulaire de Mme Alliot Marie, ministre de la république, anciennement ministre de la justice, bien connue pour sa défense talentueuse des libertés, fasse l'objet de poursuites pénales en vertu des textes qui suivent :
Article 225-1 du Code Pénal : Constitue une discrimination toute distinction opérée entre les personnes physiques à raison de leur origine, de leur sexe, de leur situation de famille, de leur grossesse, de leur apparence physique, de leur patronyme, de leur état de santé, de leur handicap, de leurs caractéristiques génétiques, de leurs moeurs, de leur orientation sexuelle, de leur âge, de leurs opinions politiques, de leurs activités syndicales, de leur appartenance ou de leur non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée.
Constitue également une discrimination toute distinction opérée entre les personnes morales à raison de l'origine, du sexe, de la situation de famille, de l'apparence physique, du patronyme, de l'état de santé, du handicap, des caractéristiques génétiques, des moeurs, de l'orientation sexuelle, de l'âge, des opinions politiques, des activités syndicales, de l'appartenance ou de la non-appartenance, vraie ou supposée, à une ethnie, une nation, une race ou une religion déterminée des membres ou de certains membres de ces personnes morales.
Article 225-2 du Code Pénal : La discrimination définie à l'article 225-1, commise à l'égard d'une personne physique ou morale, est punie de trois ans d'emprisonnement et de 45 000 Euros d'amende lorsqu'elle consiste :
1° A refuser la fourniture d'un bien ou d'un service ;
2° A entraver l'exercice normal d'une activité économique quelconque ;
3° A refuser d'embaucher, à sanctionner ou à licencier une personne ;
4° A subordonner la fourniture d'un bien ou d'un service à une condition fondée sur l'un des éléments visés à l'article 225-1 ;
5° A subordonner une offre d'emploi, une demande de stage ou une période de formation en entreprise à une condition fondée sur l'un des éléments visés à l'article 225-1 ;
6° A refuser d'accepter une personne à l'un des stages visés par le 2° de l'article L. 412-8 du code de la sécurité sociale.
Lorsque le refus discriminatoire prévu au 1° est commis dans un lieu accueillant du public ou aux fins d'en interdire l'accès, les peines sont portées à cinq ans d'emprisonnement et à 75 000 Euros d'amende.
Que l'on me pardonne, et je reconnais des lacunes en droit pénal ; mais ce qui semble être le principe de ces textes, c'est d'éviter que certaines personnes, en fonction de leur origine ethnique ou autre soient mises au ban de la société ou certaines entreprises se voir refuser des marchés, parce que leurs dirigeants sont susceptibles d'être discriminés.
Il s'agit de défendre le faible et utiliser cette loi au bénéfice non des personnes physiques ou morales, mais de l'Etat lui-même, et de son action propre, paraît une lecture bien extensive, politique même.
Avec ce raisonnement, si demain un groupe de citoyens veut appeler au boycott des produits iraniens pour protester contre la lapidation, il sera susceptible donc de telles poursuites.
Demain l'Afghanistan redevenu taliban pourrait se prévaloir de ce texte ?
C'est un peu délirant, non ?
Soit ce texte est mal lu par les services de la notre Chancellerie, et en ces temps à venir d'élection présidentielle il faut y prêter attention, soit il est par nature liberticide, et je doute fort que les députés l'ayant voté aient mesuré les conséquences sur la liberté d'expression du citoyen français.
On a raison de s'inquiéter de ce qui se passe en Hongrie quant à la liberté de la presse, mais il est permis aussi de s'inquiéter de la pénalisation excessive et orwellienne de notre propre société.
Peut-on encore faire entendre la parole de la France en bâillonnant insidieusement, jour après jour, texte après texte, les citoyens français, pour faire plaisir à chaque association, groupe de pression, ou... potentiel électoral.
Comme disait le bon président Pompidou : « arrêtez d'emmerder les français ! »