Souvent quelque confrère, me croisant, à l'audience, dans un modeste restaurant, ou dans tout autre lieu, par nature convenable, de me demander : où en est-on du RPVA ?
Eh bien, je n'en sais rien du tout.
Nous ne sommes plus, à Marseille, sous la férule du bâtonnier Mattéi.
En ce temps-là, l'Ordre communiquait et faisait preuve de fermeté, pour ne pas laisser imposer à chaque avocat un système de communication électronique que l'on pouvait juger désuet et inadéquat.
C'était au temps de la Corsitude triomphante qui avait une vision napoléonienne de la chose, c'est-à-dire une ambition forte et la conscience de la valeur de sa propre pensée.
C'était au temps de Doumé le magnifique.
Certes la méthodologie insulaire, avec ce particularisme de la pensée, fait que les choses parfois se chuchotent sur un coin de table, méthode qui a aussi ses limites dans la durée.
Aujourd'hui nous avons un nouveau bâtonnier, le bâtonnier Gavaudan, dont je précise qu'il a ses bureaux dans le même immeuble que moi, à l'étage au-dessus.
La méthode est différente, puisque l'Ordre ne communique plus sur le RPVA.
Je n'ai cependant aucune inquiétude, car au temps de la campagne électorale, le candidat Gavaudan croisant le couple d'avocats marseillais, c'est-à-dire Catherine et moi-même, a les yeux dans les yeux, assuré qu'il prendrait, sur le RPVA, la même position que le bâtonnier Mattéi, et une parole est une parole.
Dans le journal « les nouvelles publications » de ce 12 février, le bâtonnier Gavaudan déclare : « j'ai longtemps été boy-scout et, dans l'âme, je le suis encore. »
Ce qui signifie bien qu'il a le sens de la parole.
(À ce stade du propos, je précise que les escaliers de notre immeuble ont des tomettes qui se descellent, et qu'un accident est vite arrivé.)
Mais à ce jour, sur le RPVA, je ne sais plus rien que des rumeurs.
L'une de ces rumeurs est que le RPVA II, moderne et sans boïtier boïteux, est prêt et qu'il s'agirait de le lancer sans désavouer l'actuel président du CNB.
Si vous me demandez ce que j'en pense, je vous dirais qu'il me semble que l'on traite la population des avocats par-dessus la jambe.
Chacun sait bien que le système ancien est obsolète et ce qui pose difficulté aujourd'hui, c'est donc la gouvernance de la profession.
Les élus, et cela vaut pour ma bonne ville, sont souvent choisis en fonction de l'amplitude de leur sourire, de leur caractère inoffensif et de la certitude que les vagues qu'ils feront tiendront plus des étangs berrichons que des quarantièmes rugissants.
Peut-être le bâtonnier Mattéi a-t-il été une exception, mais il y a toujours une exception corse.
Tenez, à Marseille, chacun sait que le tribunal d'instance va être déplacé pour cause de travaux dans un endroit parfaitement inadéquat et ce qui fait du bruit,...c'est l'abyssal silence de l'Ordre !
Cela étant, le bâtonnier Mattéi est encore membre du Conseil de l'Ordre.
Donc je suppose que de l'union (intellectuelle, bien sûr) du Corse et du boy-scout, il va sortir de très belles choses.
J'écoute donc.