Commencer une journée pluvieuse en écrivant que Marine Le Pen a raison relève de la flagellation intellectuelle.
Pourtant, sur le coût du travail son regard est plus lucide que celui du président qui nous parle ce dimanche et qui parait bien politiquement myope.
Le projet de TVA dite ironiquement "sociale" consiste à baisser les cotisations sociales sur le travail et à augmenter, en compensation, la taxe sur la valeur ajoutée (TVA).
Il semblerait que l'allègement des charges voulu par le président non candidat pourrait porter sur les salaires compris entre 1,6 et 2 fois le Smic, afin de cibler les secteurs industriels exposés à la cruelle concurrence internationale.
Le montant du SMIC 2012 étant de l'ordre de 1398 € brut pour 2012, rappelons-le.
Cela concernerait donc les salaire entre 2240 et 2800 € bruts environ.
Marine Le Pen, quant à elle, promet une hausse nette de 200 euros "sur tous les salaires" allant jusqu'à 1,4 fois le Smic ; l'Etat, (c'est nous) prenant généreusement en charge une partie des cotisations salariales en compensant ce coût par l'instauration d'une taxe sur les importations.
Autrement dit, dans le projet de monsieur Sarkozy, s'il se révèle tel qu'annoncé, (dans la mesure au surplus où les charges salariales ne seraient pas abaissées) la situation serait la suivante :
- Pour les entreprises concernées, il y aurait baisse du coût du travail mais par du salaire net des salariés qui subiraient la hausse de la TVA.
- Pour les entreprises non concernée la situation ne changerait pas.
Quel bénéfice tire donc le salarié non masochiste de ce projet ?
Et puis, ne passe-t-on pas encore une fois, à coté du peuple souverain et, incidemment, électeur ?
Adapter la France à la concurrence internationale est une nécessité, d'accord, on sait.
Mais que chacun puisse vivre et travailler au pays, comme on disait il y a quelques décennies, en est une aussi aussi.
Quand les charges salariales représentent presque un doublement du salaire net, l'emploi est trop cher pour beaucoup d'entrepreneurs, artisans, professions libérales.
Ceux qui sont les employeurs de proximité, ceux qui permettent de travailler là où l'on vit.
La diminution des charges passera nécessairement par une diminution préalable des dépenses publiques, mais, en attendant que les politiques aient le courage (rêvons) de l'avouer, s'attaquer aux coût du travail est une nécessité si l'on veut éviter une explosion du chômage.
30.000 chômeurs de plus en décembre 2011 : 350.000 en 2012 ?
Seulement, le projet de Nicolas Sarkozy, s'il est confirmé, concernera une partie des entreprises, et pas les plus petites qu'il faut sauver pourtant puisqu'elles sont un bassin d'emploi menacé.
Et ce projet, surtout, n'apportera pas aucune hausse sur la feuille de paie des salariés qui subiront la hausse de la TVA !
Comme il est fort possible, de surcroît que cette monstruosité électorale, ne puisse pas être votée avant les élections, il restera, sur le podium des bêtises politiques, peut-être même devant la dissolution de 1997.
C'est dire !
En termes de perception de la société, la proposition de Marine Le Pen, sans tester son réalisme économique, a le mérite de poser la cruelle question des bas salaires, de ceux qui, du fait de l'augmentation des charges contraintes deviennent des travailleurs pauvres.
Et des petits patrons qui fuient l'embauche, parce que le travail salarié est devenu trop cher pour eux.
En voilà une qui n'est pas suicidaire.
Peut-être à l'Elysée, ont-ils perdu le numéro de téléphone des urgences psychiatriques ?