La Cour de Cassation a, voici quelques années, trouvé judicieux de considérer que la déclaration d'inaptitude à tout poste dans l'entreprise ne dispensait pas l'employeur de son obligation de rechercher les possiblilités de reclassement du salarié, et ce quelle que soit la position prise alors par ce dernier. (Soc. 10 mars 2004, 7 juil. 2004, 20 sept. 2006)
Cette jurisprudence est l'une des plus incomprises par les employeurs ; il faut dire que lorsque le médecin du travail conclut que le salarié n'est plus apte physiquement à exercer un emploi dans l'entreprise, penser que l'on pourra le reclasser, tout en respectant l'avis du médecin, peut sembler assez audacieux.
En réalité, j'ai toujours considéré que cette jurisprudence contraignait surtout l'employeur, non à montrer l'effectivité réelle et concrète d'une recherche de reclassement vouée à l'échec dès l'origine, mais surtout à faire preuve d'agitation et d'une construction souvent artificielle : Gesticuler dans toutes les directions possibles, sortir des listes, proposer des postes pour les exclure évidemment, convoquer des réunions, interroger les filiales éventuelles ou les entreprises voisines et surtout impliquer le médecin du travail.
C'est la porte que vient peut-être d'entrouvrir la Cour de Cassation en censurant une Cour d'Appel qui avait considéré que la réalité des recherches de reclassement ne saurait résulter de la lettre que l'employeur a adressé au médecin du travail ; or, la preuve des recherches de reclassement peut être apportée par tous moyens. (Soc. 19 oct. 2007 n° 06-42.963)
Dommage que cet arrêt soit voué à une certaine confidentialité puisqu'il restera "inédit".